La proportion de millionnaires âgés de 25 à 40 ans a doublé en dix ans dans plusieurs pays occidentaux. Malgré un accès tardif à la propriété et un patrimoine globalement inférieur à celui des générations précédentes au même âge, certains jeunes investisseurs affichent des fortunes à sept chiffres.
L’écart entre ceux qui profitent de la croissance technologique et les autres se creuse, alimentant des trajectoires financières contrastées. Les statistiques révèlent des disparités marquées selon le secteur d’activité, la localisation et l’origine sociale.
Qui sont les millennials millionnaires ? Portrait d’une génération à la richesse inattendue
On désigne sous le nom de milléniaux ou de génération Y les personnes nées entre 1981 et 1996. Ce groupe occupe une place à part, héritant d’un monde façonné par les baby-boomers et défié par la génération Z, née avec le digital. Leurs parcours ne se plient à aucune norme. Pour certains, la fortune n’arrive pas seulement par la réussite professionnelle. L’accélérateur, c’est le transfert générationnel de patrimoine, qui redistribue les cartes à grande échelle.
| Génération | Années de naissance | Patrimoine attendu |
|---|---|---|
| Milléniaux (Génération Y) | 1981-1996 | jusqu’à 83 100 milliards d’euros (transfert attendu aux États-Unis) |
| Génération X | 1960-1980 | 28,6 billions d’euros |
| Baby-boomers | 1946-1964 | Héritage en cours de transmission |
| Génération Z | fin 1990-2012 | Devrait devenir la plus riche après héritage |
La montée de ces jeunes millionnaires doit beaucoup à la redistribution du capital familial. Selon les projections, près de 70 000 milliards de dollars devraient changer de mains, passant des baby-boomers et de la génération X vers les millennials et la génération Z dans les décennies à venir. Mais cette manne ne profite pas à tous : les histoires personnelles, l’ancrage social et la capacité à saisir de nouveaux leviers financiers tracent des lignes de démarcation nettes. On retrouve dans ce cercle fermé des héritiers, des entrepreneurs audacieux, des investisseurs du numérique. Impossible de figer le portrait du millennial millionnaire dans une seule case.
Chiffres clés : combien de millennials ont réellement atteint le million ?
La génération Y intrigue par sa capacité à casser les codes, mais les données refroidissent vite les fantasmes. Le Wealth Report 2024 de Knight Frank donne le ton : en 2023, on compte environ 2,6 millions de personnes de moins de 40 ans sur la planète avec plus d’un million de dollars de patrimoine. Une goutte d’eau, au regard des 1,8 milliard d’individus nés entre 1981 et 1996.
L’analyse signée Liam Bailey souligne des disparités nettes selon les zones géographiques. Les États-Unis dominent largement, suivis par la Chine et l’Inde. L’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient affichent cependant la progression la plus rapide. L’Europe, de son côté, reste morcelée, même si des villes comme Londres ou Paris attirent de plus en plus de jeunes investisseurs.
Quelques statistiques illustrent ce rapport inédit à la richesse :
- Les millennials et la génération Z représenteront 75 % des acheteurs de luxe d’ici 2026.
- Le marché du luxe, porté par cette nouvelle génération, devrait grimper à 1 300 milliards d’euros la même année.
La fortune chez les jeunes ne relève pas seulement de l’héritage. L’accès au million s’appuie aussi sur la capacité à investir, à prendre des risques sur les marchés, à miser sur l’immobilier ou à créer sa propre entreprise. Pourtant, pour la plupart des millennials, même ceux qui se lancent, le seuil symbolique reste hors de portée. L’audace ne suffit pas toujours à franchir la barre.
Pouvoir d’achat et réalités économiques : entre fortune et précarité
Certains voient la génération Y comme un symbole de réussite fulgurante. Pourtant, derrière les success stories, la réalité est plus complexe. Leur pouvoir d’achat s’érode, grignoté par les crises, la hausse des prix immobiliers et une inflation persistante. La Banque d’Angleterre révèle que leurs revenus restent 8 % inférieurs à ceux de la génération X au même âge. Dans les grandes capitales, devenir propriétaire relève souvent de l’exploit, voire de l’impossible.
La précarité gagne du terrain, accentuée par les inégalités de genre et d’origine. Les rapports de la Resolution Foundation montrent que les écarts de patrimoine perdurent, même chez les jeunes bien rémunérés. Les parcours restent éclatés : certains héritent, d’autres multiplient les contrats courts, fragiles, et peinent à constituer une épargne. L’héritage massif, souvent annoncé, ne concerne encore qu’une minorité. Beaucoup jonglent entre emplois précaires et difficultés à mettre de l’argent de côté.
Malgré ces obstacles, les millennials se montrent plus confiants que leurs aînés sur leurs perspectives de revenus. Cette génération réinvente son rapport à l’argent : petits boulots cumulés, choix de consommation plus responsables, usage massif d’outils digitaux pour surveiller et optimiser chaque dépense. Entre convictions écologiques et contraintes économiques, ils cherchent leur propre équilibre, bien loin des clichés du millionnaire autodidacte.
Pouvoir d’achat et réalités économiques : entre fortune et précarité
La génération Y renouvelle sa façon d’aborder le travail. L’accumulation de petits emplois, la montée en puissance des plateformes numériques : tout cela façonne des trajectoires singulières, éclatées. Selon une récente étude de Deloitte, un millénial sur deux a déjà cumulé plusieurs postes. Pour certains, c’est le synonyme d’une plus grande liberté et d’un revenu diversifié. Pour d’autres, c’est le reflet d’une économie instable, où le salaire ne suffit plus et où la sécurité semble hors d’atteinte.
Les applications, N26, Lydia, Bankin’, Vinted, transforment chaque compétence ou objet inutilisé en source potentielle de revenus. Les applis bancaires, désormais incontournables, scrutent chaque euro dépensé. Les paiements entre particuliers et les services sur-mesure ne sont pas qu’un gadget : ils concrétisent une nouvelle approche du budget, où chaque dépense compte, où l’attention au détail devient la règle.
Voici comment cette génération s’approprie les nouveaux codes financiers :
- Des influenceurs financiers (Mrs. Dow Jones, The Financial Diet, Broke Millennial) diffusent conseils, alertes et astuces à une communauté avide de solutions concrètes.
- La soif de flexibilité pousse à changer souvent d’emploi, ce qui peut freiner l’évolution des salaires.
- Le recours accru au marché de la seconde main révèle à la fois un souci d’optimisation et un engagement éthique marqué.
Face à ces mutations, banques et fintechs repensent leurs services, misant sur l’expérience utilisateur et la personnalisation. Mais la promesse d’ascension sociale par le biais de la gig economy reste à double tranchant : pour les uns, c’est un tremplin, pour d’autres, un plafond invisible. Une chose est sûre : la route vers la fortune n’a jamais été aussi sinueuse, ni les trajectoires aussi contrastées. Qui osera tracer la prochaine ligne de partage ?


